Salomé Martin
Sœur Thérèse-de-Jésus
1823-1890
Son enfance
Salomé Martin est née à Saint-Philippe de La Prairie, au Québec. Son père Jean-Baptiste Martin est fermier et aubergiste. Ayant joint les Patriotes durant les troubles de 1837, il est porté disparu. Sa mère Adélaïde Mac Nil, Écossaise de naissance, devra pourvoir à l’éducation de ses 13 enfants. Salomé est la douzième de la famille.
Sa jeunesse
Grâce à sa curiosité intellectuelle, Salomé acquiert une solide formation générale. Elle développe ses talents artistiques auxquels s’allient des aptitudes pour l’administration et les affaires. Des atouts très précieux pour celle qui, dès l’âge de 20 ans, collaborera à l’œuvre de mère Marie-Rose dont elle admire la foi et l’esprit missionnaire.
Éducatrice et animatrice
Enseignante, sœur Thérèse-de-Jésus possède l’art de transmettre ses connaissances, de susciter l’intérêt de ses élèves et de leur inculquer le goût de la culture. Elle aime les enfants qui le lui rendent bien. Innovatrice, elle assure la renommée des institutions dont elle a la charge.
Au tout début de sa vie religieuse, elle démontre d’évidentes qualités de « leadership ». Ce qui l’amènera à assumer des postes d’autorité conformes à son tempérament actif, voire téméraire. De nature enjouée, elle aime rire, elle a le sens de la fête; elle sait créer un climat communautaire favorable à la détente après le labeur.
Dans le feu de l’action
Missionnaire dans l’âme, sœur Thérèse désire travailler à l’évangélisation des humbles, des petits, dans les milieux défavorisés. On l’entendra dire : Si on demande à Mgr Bourget des religieuses pour les missions lointaines, nous y volerons. Devenue supérieure générale de sa Communauté, elle enverra deux contingents de religieuses dans les territoires de l’Oregon. Elle les visitera pour les soutenir, connaître leurs conditions de vie et régler les problèmes qui se présentent.
Sa route ne sera pas sans embûches. Elle devra souvent tenir tête aux membres du clergé –aumôniers et évêques– qui s’arrogent des pouvoirs indus. Ils se mêlent de la régie interne de la communauté, des affaires temporelles, des contenus pédagogiques et même de l’ouverture d’un noviciat.
Devant les critiques et les dénonciations, elle ne cherchera pas à se disculper. Elle exposera sa vision des choses. Les difficultés et les échecs sont l’occasion de vivre l’humilité qui la caractérise. Car elle compte « aveuglément » sur la Providence qui la dirigera vers l’avenir. Perspicace, souvent inspirée, elle porte des rêves sans frontières qui ne seront pas toujours possibles. Blancs ou noirs, francophones ou anglophones, Cubains, Italiens, tous sont l’objet de son attention.
Temps d’arrêt
En 1876, elle doit quitter Key West, rappelée à Hochelaga sans doute à cause des critiques d’un prêtre qui n’apprécie pas ses requêtes d’autonomie. Après un an de réclusion, elle retournera se dévouer en terre américaine. En 1887, elle connaît un sort semblable. Elle est mise à la retraite à Longueuil. Quelle souffrance de se sentir un « membre inutile ».
En 1889, sa santé est ébranlée. Elle souffre d’un mal incurable qui la conduit à l’Infirmerie d’Hochelaga. Elle accepte son sort avec courage et foi : « Je ne peux me rebeller contre la volonté de Dieu », dira-t-elle. Elle meurt le 12 août 1890 à l’âge de 67 ans.
Pour la gloire de Jésus et de Marie
Le dynamisme, l’intrépidité et le sens apostolique de sœur Thérèse-de-Jésus ont donné souffle et vitalité à la Congrégation et à l’Église. Cette pionnière a réalisé le rêve de mère Marie-Rose qui disait à ses novices :
« Priez pour nos sœurs qui, plus tard, iront en missions lointaines ».