Les arts : sciences qui élèvent l’esprit. L’exemple de la musique

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Grâce au Plan d’études SNJM, on comprend que pour la Congrégation des Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie (SNJM) toutes les matières sont importantes et que leur enseignement est complémentaire. Dans cette optique, les arts ont une place particulière. En effet, les artistes sont nombreuses parmi les religieuses (et leurs élèves) qui considèrent que les arts contribuent autant au plein développement de la personne que l’enseignement académique.

En 1843, alors que Mgr Bourget travaille à la fondation d’une congrégation pour l’enseignement des jeunes filles pauvres de Longueuil, déjà il souhaite que ces religieuses enseignent la musique et le dessin. Pour répondre à ce désir, dès 1844, mère Marie-Rose emprunte le piano de Moïse Brassard, curé de Longueuil, et nomme sœur Véronique-du-Crucifix, professeur de musique. Puis en 1845, Monsieur William Benziger est engagé pour l’enseignement du piano.

Durant deux ans, ce maître donne à chaque élève (dont sœur Véronique-du-Crucifix) trois leçons par semaine. Mère Véronique-du-Crucifix peut ainsi bonifier la qualité des méthodes pédagogiques en musique. En plus des différentes matières académiques et des arts d’agrément, les premières versions du Plan d’études comprennent des chapitres propres à l’enseignement de la musique. Plus tard, des religieuses des Saints Noms de Jésus et de Marie vont travailler à développer des programmes pédagogiques rigoureux qui comprennent des questionnaires, des examens et des manuels.

Développement d’un programme de musique

En ce qui concerne spécifiquement l’enseignement de la musique, c’est en 1920 que la supérieure générale de l’époque décide de créer le poste de « directrice des études musicales » et c’est à sœur Marie-Stéphane qu’elle confie le rôle de développer un programme. Sœur Marie-Stéphane deviendra aussi la première directrice du département des études musicales SNJM, puis la fondatrice de l’École de musique Vincent-d’Indy, à Outremont. Selon elle, « la théorie musicale s’adresse surtout à l’intelligence et au raisonnement, son étude correspond à celle des mathématiques. On peut affirmer que ces deux études se prêtent un mutuel concours, car le développement intellectuel acquis par la connaissance de l’une de ces matières facilite singulièrement l’étude de l’autre. »

Ce premier programme d’études musicales parait en 1921 et se répartit sur dix années. Dans un premier temps, sœur Marie-Stéphane pourvoit les professeurs de matériel didactique indispensable, établi une répartition mensuelle du travail sur chaque année du programme et fixe des examens obligatoires. Toutefois, en musique, la théorie ne suffit pas. Savoir jouer ou chanter non plus, car si la musique est un art qu’on apprend en le pratiquant. Transmettre aux autres ce que l’on sait est aussi un art, celui de la vraie science de l’éducation. C’est pourquoi, dès l’été 1922, sœur Marie‑Stéphane offre des cours de pédagogie musicale aux sœurs musiciennes de la communauté. Grâce à ces principes et méthodes pédagogiques instaurés dès le début de l’École supérieure de musique d’Outremont en 1932, l’institution connait des succès rapides et ininterrompus.

Le programme de musique développé par sœur Marie-Stéphane est utilisé dans les écoles de la congrégation. Au Québec, de nombreuses élèves, même celles des campagnes, étudient la musique selon cette méthode et passent leurs examens sans avoir à se déplacer à Outremont. Dans les années 1930, la complétion par les élèves du programme de dix ans d’études de musique permet l’accès aux études supérieures dans les institutions SNJM telles que l’École supérieure de musique Vincent-d’Indy, le Marylhurst College en Oregon, ou le Holy Names College en Californie. Grâce à ses écoles, les élèves peuvent donc devenir artiste, concertiste, compositrice et éducatrice tout en préservant leur individualité et leur sens artistique.

Un accès à l’université pour les filles

Au début des années 1930, impressionné par la qualité de la musique entendue et par le sérieux des programmes d’études de l’École de musique Vincent-d’Indy, Mgr Piette, alors Recteur de l’Université de Montréal, clame qu’il s’agit d’enseignement universitaire. Avec l’accord des autorités SNJM, sœur Marie‑Stéphane demande que l’École supérieure de musique devienne une institution affiliée à la Faculté des Arts de l’Université de Montréal.

Après un certain nombre d’années et d’examens, une élève qui a suivi le programme de musique de l’École devient bachelière. Les jeunes filles ont ainsi accès à l’université. Certaines anciennes élèves, religieuses et laïques, rédigeront d’ailleurs des mémoires et des thèses sur la place des arts dans l’éducation. Par exemple, la thèse de doctorat de sœur Marie-Stéphane, parue en 1936, s’intitule La musique au point de vue éducatif. Plus tard, en 1956, sœur Paul‑du‑Rédempteur rédige quant à elle un mémoire intitulé L’éducation artistique.

Avec les années, l’enseignement de la musique a pris sa place dans l’enseignement des écoles publiques où œuvrent les SNJM. Encore aujourd’hui, la musique est enseignée dans les écoles de la congrégation. À Outremont, l’École de musique Vincent-d’Indy existe toujours et offre des programmes de musique-étude au primaire et au secondaire, ainsi qu’une formation collégiale. Dans tous les cas, la méthode actuelle est héritée de l’organisation musicale implantée par sœur Marie-Stéphane. Au cours de son histoire, cette école a accueilli des enseignants laïcs de renommée internationale, ainsi que des élèves provenant de partout dans le monde.

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Une exposition sur la mission d’éducation des SNJM

Depuis le printemps 2019, à la Maison de la Congrégation, à Longueuil, les Sœurs des Saints Noms de Jésus et de Marie présentent l’exposition d’archives l’Éducation pour les jeunes femmes au centre de la mission SNJM. Cette exposition illustre comment les religieuses des SNJM ont offert un programme scolaire et académique pour les filles alors que l’instruction leur était plutôt limité. L’exposition témoigne de la mise en place de plusieurs étapes permettant aux filles d’aller toujours plus loin dans leurs études : les cours primaire et secondaire, la formation des maitresses, les études commerciales ou les arts ménagers pour celles qui voulaient poursuivre leurs études, ainsi que la mise en place de stratégies pour accéder au collège et à l’université.