150e anniversaire de l’arrivée des sœurs des SNJM à Key West, Floride

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Étant les seules religieuses de la région, les sœurs des SNJM se dévouent à tous les besoins d’éducation, de spiritualité et de soins de santé de cette population diversifiée. Les défis sont nombreux : la fièvre jaune, la typhoïde, la petite vérole, la rougeole, la diphtérie, les quarantaines, les chaleurs excessives, les ouragans et la guerre. À maintes reprises, les institutrices deviennent infirmières à domicile et à l’hôpital, en proposant leur soutien aux familles de leurs élèves, ainsi qu’à la Ville de Key West. Pour souligner le 150e anniversaire de la première fondation d’un couvent par des religieuses SNJM en Floride, voici un extrait de leur histoire et de leur dévouement.

Le 4 avril 1898, pressentant la probabilité d’une guerre entre les États-Unis et l’Espagne, la Supérieure du Couvent de Key West et une compagne « se rendent à l’arsenal où le Commandant de la marine [états-unienne, James M. Forsyth] a son bureau. » Nous « venons vous offrir nos services pour vos blessés, en cas de guerre. Au besoin, nous mettrons aussi notre maison et les deux écoles paroissiales catholiques à la disposition des malades, ne nous réservant que le logement nécessaire. »
Le 23 avril 1898, les sœurs ferment leur école. Les Chroniques de Key West décrivent les changements causés par la guerre et le temps. « Notre couvent a subi une complète transformation : pupitres, bancs, bibliothèque, pianos et autres meubles ont été enlevés, tous les coins et les racoins visités et nettoyés et cela, en moins d’un jour. […] Notre petit parloir est transformé en pharmacie, la salle de musique et le dortoir des élèves sont destinés aux officiers malades. L’Infirmerie devient la salle d’opération. La première classe et la chambre attenante sont réservées au corps médical. Les cinq pièces qui composent le premier étage de la maison, ainsi que nos écoles, serviront de salles pour les pauvres soldats ou les matelots blessés ou malades. »

Le 12 mai 1898, les premiers blessés arrivent au Couvent-hôpital. Au mois de mai, les sœurs guidées par des médecins et des garde-malades accueillent, entre autres, « six matelots atteints de la rougeole », « 1 matelot qui s’est fracturé l’épine dorsale en tombant dans le fond de cale de son vaisseau, deux autres qui se sont accidentellement cassé les jambes et cinq qui relèvent des fièvres qui ont besoin de repos. » Le 22 mai 1898, un « jeune matelot […] blessé le 12 mai, à la bataille de San Juan, doit avoir le bras droit amputé ce matin. » C’est la première opération dans le Couvent-hôpital.

Une lettre circulaire de la Supérieure générale de la Congrégation des SNJM publie des lettres des sœurs exilées à Key West.

« 7 juillet – Lettre de Sr M. Florentine – Hier a été pour nous un jour d’événements. Vers les 6 heures pm, le major reçut une dépêche lui annonçant, pour le soir même, l’arrivée de trois cent vingt blessés. En un clin d’œil, notre petite communauté était à l’œuvre. Deux heures plus tard, tous les lits étaient prêts. Cent vingt ont été dressés sous d’immenses tentes élevées dans notre enclos.
« 8 juillet – Lettre de Sr Jean l’Évangéliste – Nous avons actuellement sous nos soins un bon nombre de blessés arrivés de Santiago lundi dernier, le six. Ces pauvres hommes étaient épuisés. Quand nous leur avons distribué les pajamas (sic), vêtements de nuit et d’infirmerie, nous les entendions se dire : « Maintenant que nous sommes avec les sœurs, nous ne manquerons de rien ». […] Au moment où j’écris, le major demande que nous nous préparions à recevoir encore cent blessés ce soir. 
« 13 juillet – Lettre de Sr Thomas de Jésus – Nous avons présentement, tant sur le terrain qu’au couvent et aux écoles, deux cent soixante-quinze patients, dont vingt-huit sont atteints de la rougeole, quelques-uns de la malaria; les autres sont des blessés. […] Si vous voyiez ces pauvres soldats!… Les uns ont un bras facturé, d’autres une jambe; quelques-uns ont eu le cou traversé de part en part par des balles; un a été frappé à la cuisse droite et la balle est sortie par la cuisse gauche, après avoir traversé le péritoine; un autre a eu le bas du crâne perforé. […]
J’accompagne les médecins dans les visites qu’ils font aux malades de mon département, lequel comprend tout le premier étage de la maison. Je tiens les registres des médecins ainsi que les chartes cliniques des patients et je consacre à la correspondance de ces derniers les moments de loisir qui me restent. Le dimanche, je conduis à l’église ceux qui veulent entendre la sainte messe. »
« 15 juillet – Lettre de Sr M. Florentine –  Nos élèves se lamentent; elles ne peuvent, disent-elles, supporter la vue de leur beau couvent ainsi converti en hôpital. Tout de même, elles s’associent à notre œuvre. Élèves anciennes et actuelles ont organisé des clubs de charité. Chaque jour, elles visitent les hôpitaux, distribuant aux malades, du linge, des cigares, des rafraichissements, etc. […] »

Comme en témoignent les chroniques, pendant quatre mois, les sœurs des SNJM ont généreusement offert leur couvent et leurs écoles, leur dévouement et leur cœur.
« 22 août 1898 – Mercredi dernier, tous nos matelots malades nous faisaient leurs adieux. […] Ce matin, c’est au tour des soldats et de tout le personnel de l’Hôpital. Gardes-malades, médecins aussi bien que malades, tous paraissent s’éloigner à regret du toit hospitalier du Couvent hôpital dont ils garderont, disent-ils, le meilleur souvenir. »

Pour plus d’information sur l’histoire SNJM en Floride 

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